Une conversation le soir autour d'un verre à Quandionne

Cela fait maintenant quelques jours que vous êtes revenus de l'ile des hommes-lézards. Quandionne, même si elle offre beaucoup d'opportunités à qui a un minimum d'esprit d'entreprise, n'est pas l'ile la plus touristiquement agréable des Archipels, mais elle a ses avantages. La petite maison privée que le gouverneur a mis à disposition le temps de votre séjour (au départ il voulait vous loger au palais, mais Groradingue ayant terrorisé la domesticité avec son hygiène et son franc parlé, il a préféré vous offrir ce petit luxe) est plutôt agréable et offre une belle vue sur le port tout en vous protégeant de la cohue habituelle des rues encombrées.

Alors que vous sirotez avec délice le digestif qui a clôt un repas plutôt agréable, tandis que Prunelle sirote tranquillement un sirop d'orgeat, Corwin regarde pensivement les dernières lueurs du soleil couchant. Il se tourne enfin vers le groupe, l'air préoccupé. Visiblement, il cherche à aborder un sujet qui lui tient à coeur. Groradingue, agacé par cette hésitation, finit par lancer un "Bon, tu accouches ?"

Roulant des yeux, Corwin se décide enfin :

A toi de jouer, Corwin

Mes amis.. Voilà maintenant de nombreuses années que nous parcourons les terres d’Archipel. Tout a commencé à Vendrest par un simple enrôlement pour défendre cette île d’attaque mystérieuse. Nous étions encore frêles et peu expérimenté. Je vous revoie encore très bien dans mes mémoires. Arrivant les uns après les autres dans cette immense salle.

D’abord toi, Kiara,  j’ai tout de suite vu que j’étais en présence d’une consœur. Dans tes yeux j’ai vu cette soif de savoir et de compréhension du monde qui nous entoure, cette même flamme qui m’anime chaque jour, chaque instant. J’ai également pris note de tes origines comprenant rapidement que ton héritage guerrier coulait également dans tes veines. A force de marcher à tes côtés j’ai compris que c’est un héritage quelque peu maudit pour toi, expliquant sans doute pourquoi tu es aujourd’hui des nôtres et pas des tiens.. Cependant, je n’oublierai jamais ce qui est sous doute la chose qui me plait le plus chez toi. Cette douceur que tu as eue dès les premiers instants à l’égard de ma fille. Prunelle.

Toi, ma fille. Je t’en ai fait voir de toutes les couleurs et nous avons vogué dans d’innombrables îles avant d’arriver sur Vendrest. Nous avons fait les 400 coups et nous nous sommes sortie de toutes nos galères en un seul morceau. Nous partions toujours dans un grand rire et tu te jetais dans mes bras en me disant que ton papa c’était le meilleur et qu’on s’en sortait toujours grâce à moi. Alors je te serrais fort contre moi et nous partions pour de nouvelles aventures. Cependant, d’années en années tu as grandie et mûrie. Aujourd’hui tu dois prendre conscience de beaucoup de chose et ton regard à changer.  Je le sais, je le vois. Alors laisse-moi te dire merci à mon tour ma fille. Merci d’avoir été celle qui m’a toujours poussé à aller plus loin, à prendre des risques insensés pour te faire rire, des risques fou pour t’offrir ton caprice du moment. Merci de m’avoir protégé au péril de ta vie, d’avoir été ce rempart entre le monde sauvage & moi. A mon tour maintenant de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger.

Mais je ne serai pas le seul à le faire, nous le ferons tous et notamment l’ingéniosité de notre compagnon de route GrosRat Dingue.

Mon ami gnome, je t’ai entendu avant même que tu franchisses cette porte. Je t’ai senti également. Je dois bien l’admettre, tu es aussi petit que tu es ingénieux ! Grâce à toi, nous nous sommes sortie de situation bien délicate. Et cela bien plus d’une fois ! Tu as su nous montrer de nombreuses fois que ton ingéniosité n’a rien à envier aux nains, tes rivaux. Tu as été plus d’une fois le maitre de la situation tout en cultivant cette part d’aléatoire qui te caractérise tant. Ce goût du risque et de l’imprévu qui fait de toi un Maître en la matière. Ayant vu à l’œuvre la plupart de tes inventions, je sais qu’aujourd’hui j’ai à mes coter une personne de choix sur qui je peux compter. Nous avons certes nos différents de temps en temps car nous ne partageons pas forcement la même vision du monde, mais cela ne nous as jamais empêché de faire front commun face à nos ennemis. Et aujourd’hui encore plus qu’hier, tu vas devoir redoubler d’ingéniosité pour que nous puissions entre apercevoir une chance de victoire.

Et pour finir, il y a toi. Matrasil. L’elfe. Prêtre de Vultor, notre garde-fou.  Quand à ton tour tu as franchi la porte, nous nous sommes tous retourné. Ton aura & ta prestance nous avait atteints avant même que nous détection ta présence. Tu avais le regard droit et juste ainsi que la démarche assurée. Discret mais surtout Mystérieux, mes nombreux voyages des Archipels ne m’avais jamais fait rencontrer de pareil Tatouage sur un visage. Tu portes en toi une puissante magie que nous ne maitrisons pas. Celle de la Foi. A travers toi parle Vultor & déverse sa rage sur nos ennemis. La Foi. Cet élément que nous avons tous en nous mais dont tu en es le seul porte-parole. Ainsi deviens-tu le protecteur de cette flamme, le gardien de notre espoir et de notre volonté de combattre.

Corwyn marque un temps d’arrêt, bois un coup puis d’un air grave regarde l’ensemble de ses convives.

Mes compagnons d’armes. Le culte de Nadira reprend vie et avec lui la menace du retour d’Arax. Nous nous devons de faire quelque chose et de le faire vite. Nous devons le faire pour le bien des Archipels. Nous devons le faire pour que le Bien triomphe une nouvelle fois ! Nous devons le faire pour nos générations futurs et celles à venir ! Et pour cela j’ai besoin de vous, de chacun d’entre vous ! A partir d’aujourd’hui je vais créer une Organisation.  Elle aura pour but de contrer le culte de Nadira par tous les moyens. Mais j’ai besoin de votre aide ! J’ai besoin de vous pour recruter des personnes de confiance et de talent ! Alors je vous en prie, donnez-moi un coup de main.
Kiara, si tu pars pour Celyan, essaye de voir si tu trouves de fiers guerriers prêts à lutter contre ce fléau. Quand à toi Matrasil, j’aurai besoin que tu partes pour Unterlaken afin de savoir si nous pouvons avoir leur soutient et si certains d’entre eux sont prêt à rejoindre mon organisation pour soutenir notre effort de guerre par leur implication total. Mon chère Gnome, tu ne nous parles jamais d’où tu viens ainsi je ne te ferai pas l’affront d’y retourner. Par contre je te prie de trouver de multiples inventions qui nous donneront un sacré avantage tant sur la défense que sur l’attaque !

Quant à moi, je pars avec Prunelle à Jytt afin de retrouver un ami dans le besoin. Je vais également retourner voir Dame Ledia, et vous savez que cela me coûte de le faire… Je vais également reprendre contact avec Bakar chez les Dragonniers. Pour finir comme notre point de chute est Vendrest, je rendrais une visite à Verona également.

Corwyn prend sa chope, la lève pour porter un toast et déclare fortement


Corwyn fini de vider sa chope d’une traite, la pose avec fracas et dans un grand sourire, regarde ses compagnons.

Crowin, merci pour ta sincérité, ton amitié et ta confiance. Je suis bien d'accord avec toi, il nous faut lutter contre le retour du culte de Nadira, je partirais dès que possible pour Celyan, voir si je peux y recruter des personnes de confiance et de talent. Je suis confiante dans l'aide que je vais pouvoir y trouver.
Sur ces paroles, Kiara fini sa chope avec un grand sourire, attrape celle que Crowyn vient de vider et s'en va chercher un refill.

Gros-Rat-Dingue garde le silence un moment, fixant Corwin de l'air de celui qui se demande si son interlocuteur a vraiment toute sa santé mentale.
Au bout de quelques minutes, le Gnome éclate d'un rire sonore et déclare :


Tu es sérieux Corwin ? Tu compte vraiment te lancer dans une croisade contre un culte qui a sût se terrer dans l'ombre durant des siècles ? Et pour cela il suffira de la bonne volonté de chacun et du courage de quelques traîne-misère ?
Laisse moi te dire une chose mon gars : ce n'est pas le courage, la bravoure, l'abnégation, l'idéal ou la bonne volonté qui remportent les guerres. Ce qui remporte les guerres, c'est l'or. Toutes les guerres sont faites par et pour l'or. Peu importe le motif officiel, on en revient toujours à l'or.

Il sort d'une de ses poches une pièce en or qu'il jette en l'air avant de l'aplatir sur la table.

Chacune de ses jolies demoiselle est un soldat potentiel mes amis. Nous ne pouvons pas compter sur le bon vouloir de chacun pour vaincre, il nous faudra des soldats entraînés, des navigateurs, des dragonniers et toute une intendance pour qu'une telle organisation ait une quelconque chance de succès. Et sans or, nous ne ferons que brasser de l'air.

Vous le savez, je n'ai pas beaucoup d'amis. Mais je peux nous trouver de l'or, beaucoup d'or... Il me suffit de temps.
Je partirai pour Vendrest pour mener à bien mes projets. Peut-être qu'avec un peu de chance, je parviendrai à mes fins avant nos retrouvailles.

A ces mots, Corwyn tourna sa tête vers Gros-Rat-Dingue, un sourire carnassier au visage.

EXACTEMENT ! De l'or mon cher Gnome ! Et beaucoup d'or ! Je ne sais ce que tu manigances mais je te fais confiance pour avoir espèce sonnantes & trébuchantes qui serviront à alimenter ma croisade ! J'ai également prévu de mon côté des ressources qui vont me permettre de mener diverses actions nous donnant un avantage certain contre nos ennemis.

Tout reste à faire mes amis nous n'en sommes qu'à nos débuts. Se sera long et difficile mais si nous restons soudés alors je sais que rien ne nous sera impossible ! Nos dieux nous ont maintes fois mis à l'épreuve pour tester si nous étions digne d'un tel fardeau. Aujourd'hui je leur montre que non seulement nous sommes prêt, mais que nous n'attendons pas qu'ils nous indiquent la voie à suivre pour commencer la lutte !

Son sourire toujours aux lèvres, Corwyn recommande une tournée pour tout le monde.

Et bien Matrasil ? Tu es bien silencieux. Je sais que tu ne parles pas beaucoup en temps normal mais je suis persuadé que tu as ton avis sur la question non ?

Et toi Prunelle ? Est-ce ta soudaine maturité qui t'empêche de parler ?

Merci pour cet hommage solennel Corwyn ! Il me va droit au cœur !
Sois en rassuré, je ne doute pas que mes frères d’Unterlakken ou de tout autre endroit dans les archipels acceptent sans réserve de se joindre à cette noble aventure.  Surtout suite aux récits de nos aventures que j’ai pu leur soumettre lors de ma récente visite.

Cependant…
*Matrasil se penche au-dessus de la table et chuchote comme si quelqu’un pouvait épier leur conversation…*

Je vous enjoins à faire preuve de la plus grande prudence. Ne révélez cette noble entreprise qu’à des personnes de confiance. Tout me laisse à penser que nous sommes depuis fort longtemps observés dans le plus grand secret.
Il y a bien trop de coïncidences depuis le début de nos aventures pour que tout ne soit que pur hasard…
Depuis quelques temps maintenant, de sombres pensées agitent mes nuits et parfois même mes journées...
Bien trop réelles pour n’être que le fruit de mon imagination…................... Vultor lui même ne saurait me parler plus clairement...
Si ces pensées s’avèrent prémonitoires, il est primordial d’opérer dans la plus grande discrétion… Mais tout me laisse à penser que nous devons être beaucoup plus vigilants à l'avenir…

*Le regard de Matrasil se perd dans le reste de mousse flottant à la surface de sa choppe*

Sur ces bonnes paroles : BIERE!

Je te reconnais bien là Kiara ! Quand on boit c'est toujours au minimum un tonneau qu'il te faut. Pour sur l'endurance des Orcs n'est plus à démontrer !

Par contre ce que tu nous dis là Matràsil est vraiment vraiment très inquiétant. Quelle est la nature de ce qui nous observe ? Magique ? Divine ? Humaine ?

Tu as oublié : Maléfique.

Tu marques un point Kiara ! J'ai oublié l'évidence même ! Peut-être car j'aimerai que se soit d'une autre nature..

Arrête d'être aussi sérieux, Crowin ça ne te ressemble pas. Je m'attendais plutôt à ce que tu me réponde que tu aurais préféré la menace coquine...

Le danger existe, oui, mais se morfondre dessus ne sert à rien, juste à nous miner le moral. et du moral, nous en auront besoin, ainsi que de toute l'aide que nous pourrons trouver. On a un plan et un gnome avec une jambe lance-flamme. Je pense que ça s'annonce mal pour l'autre camp...

Je dirais que la menace est Humanoïde...
Dites vous bien ceci : si nous avons constitué un groupe de défenseurs du bien et de l'ordre, d'autres ont des dessins bien plus sombres...

J'ai pu surprendre de troublantes discussions de ce groupe... J'ai bien peur qu'il en ai été de même de leur côté à notre égard....

Hahahaha! Ben si ils nous espionnent, ils doivent nous prendre pour une bande de branleurs!

Corwyn lève un sourcil, intrigué par le qualificatif de Kiara

Une bande de branleurs ? C'est comme ça que tu nous considères, Orque ? Tu me déçois dans le jugement que tu nous portes. Nous n'avons pas forcement été des plus brillants dans nos expéditions mais nous avons toujours vaincu !

Hahahaha! Ne te fâches pas! Et encore, par rapport à ce que dirait mes frères c'est gentillet. Jusqu'a présent on a toujours vaincu, oui, mais on a eu de la chance et de l'aide. Et si nos adversaires sont aussi dangereux et mauvais qu'on peut le soupçonner, il va nous en falloir, de l'aide, et même divinie et il nous faut devenir plus forts, nettement plus forts.

Prunelle, assise bien droit sur sa chaise, les écoutait depuis le début sans les regarder, ses grands yeux pervenche aux contours charbonneux perdus dans le vide. Seuls quelques légers haussement de sourcils de temps à autre laissaient penser qu'elle suivait les échanges tantôt passionnés ou désinvoltes de ses compagnons, inhabituellement immobile et silencieuse dans sa robe soignée et élégante. Quand Corwyn l'interpella, les yeux de la jeune adolescente se tournèrent vers lui, traversés d'un éclat d'incertitude. Visiblement soulagée que Matràsil prenne la parole, lui épargnant d'avoir à répondre dans l'immédiat, elle baissa le regard sur ses genoux où se tordaient ses fines mains pâles. Mais quand elle entendit les révélations que le prêtre de Vultor avait à faire, elle redressa immédiatement le menton pour poser sur lui un regard intense.

Elle déglutit péniblement, jetant des coups d'oeil à ses autres compagnons, le front barré d'un pli soucieux. Puis, n'y tenant plus, les questions des autres ne lui donnant pas les réponses qu'elle voulait, elle finit par demander à brûle-pourpoint :

- Comment ça de "sombres pensées" ? Quelle genre de conversations ?  Comment est-ce possible ?

Le silence s'installa tandis que les regards du groupe se tournaient vers Matrasil, attendant sa réponse avec impatience.

Après un très long moment de silence, trop peut être..., Matrasil sort de son silence et entame son récit :

J'ai eu de nombreuses absences lors desquelles je me retrouvais plongé dans le corps d'un autre. Parfois le jour, parfois pendant mon sommeil. La plus récente remonte à quelques semaines avant mon retour sur Unterlakken... Peu après notre victoire dans le laboratoire draconique


Je me trouvais dans une pièce sombre, prosterné devant 3 silhouettes. Il y avait peu de lumière ce qui donnait un aspect assez maléfique à la scène... Mais aucune fenêtre n'était fermée... Comme si l'une des silhouettes, celle du milieu, absorbait (ou plutôt masquait) toute la lumière...

Il y avait cet elfe, celui du milieu, encore plus sombre que la pièce elle même. On ne discernait presque que ces yeux violets dans l'obscurité.
Il y avait également un homme. Vêtu d'une armure démoniaque et de 2 katars en forme de feuille à la ceinture.
Enfin, le dernier homme, pour moi le plus terrifiant... Il portait un haume imposant, lui retombant jusque dans le coup... Et porté à la taille... Cette epée.. Celle la même qui posséda mon esprit et me meurtrie les mains dans le laboratoire draconique...

Mais le plus terrifiant reste à venir.
L'elfe aux yeux violet leur a tenu a tous un discours à vous glacer le sang.
Il se fellicita tout d'abord du succès de leur mission, de l'arrivée du seigneur Ilyphande et de son épée démoniaque. Son seul regret était de ne pas avoir pu sécuriser le laboratoire draconique.
Il adressa ensuite quelques mots sur leur prochaine mission : récupérer le "vautour de glace"...

Puis enfin, il s'adressa à moi directement... Pas à l'hôte... Pas à l'homme dont j'occupais la conscience... A MOI DIRECTEMENT.
Il m'a chargé d'un message : "Préparez vous, nous sommes prêt à réveiller nos maitres..."

C'est suite à celà que j'ai décidé de retourner sur Unterlakken. Afin d'en avertir l'ordre supérieur et de recevoir des consignes.

Suite à celà, nous avons pris la décision de renforcer le lien existant entre cet "hôte" et moi. Mais il faut prendre conscience que ce lien existe certainement dans les deux sens... Sinon, comment cet elfe aurait-il pu s'adresser à moi ?
Comme s'il avait conscience de ma présence...

Nous devons donc être prudents

Bon, la situation est pire que je ne le pensais.

Matràsil, je n'aimerais pas être à ta place, avoir un lien comme ça, c'est terrifiant.

Pourquoi tu n'en n'as parlé à aucun d'entre nous?

Pour le reste, je continue de penser que notre plan est bon, même si nos ennemis doivent être au courant et sont beaucoup, beaucoup plus fort que nous.

- Il faudrait que nous en sachions plus sur ce lien... Fonctionne-t-il vraiment dans les deux sens ? Cela voudrait dire que nous sommes peut-être espionnés en ce moment-même. Mais si eux s'en rendent compte, peut-être serait-ce le cas pour toi aussi Matràsil, si quelqu'un pouvait voir et entendre par tes yeux. Au moins, nos ennemis ne semblent pas avoir la capacité de te posséder. Quoique les derniers événements sur l'île draconique puissent laisser des doutes sur la question. Mais nous avons de nouvelles pistes à suivre désormais. Le seigneur Illifan, le vautour de glace, cette espèce de trinité maléfique... Peut-être pourrons-nous trouver des réponses, que ce soit dans de vieux grimoires, dans des temples ou auprès de notre ami le vieil Enoch. Cependant, les questions qui semblent demeurer sans l'ombre d'une réponse concernent ce fameux hôte avec qui tu partages cette connexion. Qui est-il ? Parce qu'ils étaient donc quatre dans cette pièce à planifier ce qui semble être le retour de Nadira et Arax... Et si de surcroît ils étaient conscients que tu les écoutais, nous ne pouvons pas ignorer la possibilité qu'ils t'aient laissé entendre des informations visant à nous attirer dans un piège.

Prunelle s'interrompit dans un silence angoissé, les yeux fixés sur ses poings serrés posés sur la table. Mais elle releva la tête pour rencontrer le regard de Matràsil. Quand elle reprit, ce fut cette fois avec une certaine douceur :

- Merci en tout cas d'avoir partagé cela avec nous Matràsil. Partager une telle connexion a du être lourd à porter. Sache que pour moi tu restes au dessus de tout soupçon, malgré ce lien et ce qu'il peut impliquer.

Elle fit une pause et déglutit.

- Si nos ennemis sont aussi redoutables que le soupçonne Kiara... Je ne sais pas si nos secrets seront ce qui nous sauvera ou ce qui nous mènera à notre perte.

Corwyn resta bouche bée de cette révélation. Ses projets étaient donc déjà découvert avant même qu'ils aient pu commencer ? N'y avait-il donc aucun espoir de victoire ? Aucune lutte possible ? Tout était surement déjà joué d'avance de toute façon...

Les épaules de Corwyn s'affaissa subitement puis il prit la parole.

C'est incroyable ce que tu nous expliques la Matrasil.. Comment allons nous pouvoir faire pour contrer une telle menace ? Pouvons-nous réellement continuer notre conversation en ta présence ? Peut-être qu'il serait bon que tu t'éloignes de nous le temps qu'on trouve une .. solution à ton problème ? Je ne peux pas me permettre d'avoir un espion-malgrè-lui à côté de moi si je veux pouvoir avancer dans mes projets. Désolé.

Corwyn regarda Prunelle

Peut-elle est-il temps pour nous de rentrer chez nous qu'en penses-tu Prunelle ?


Mollement, Corwyn leva sa chope à ses lèvres. Même la bière avait un gout décevant tout d'un coup..

S'ils peuvent nous voir, alors peut être pourrions nous nous servir de cet avantage en temps voulus !
Autant exploiter cette "faille" à notre avantage !

Prunelle poursuivit vivement, s'écriant presque :

- Oncle Mat' a raison ! Nous pouvons très bien trouver le moyen d'utiliser ce fait à notre avantage ! Et puis, il est bien trop tôt pour baisser les bras à ce sujet et se réfugier derrière des conclusions hâtives. Si nos ennemis savent quand Matràsil les observe, alors peut-être que Matràsil saurait s'il était observé. Et tu es le mieux placé mon père pour investiguer ces questions de près. Le domaine de l'esprit ne pourrait-il te permettre de sonder ce lien ? Ou du moins de sonder Matràsil pour savoir, ne serait-ce qu'à un instant t, s'il est habité ou connecté à un autre esprit ? Il y a des solutions, des réponses ! Nous allons les trouver, et nous vaincrons !!

Elle avait repoussé sa chaise pour se dresser, tremblante et déterminée. Sa dernière exclamation avait été ponctuée du bruit mat de son verre sur le bois rude. Debout, les mains posées avec colère sur la table, elle fixait douloureusement Corwyn. Sa voix trembla.

- Tu voudrais mettre de côté Matràsil, le traiter comme une menace, un ennemi même, parce que peut-être il est habité par une chose hostile que nous ne contrôlons pas ?